L’élagage de nos pins d’alignement
En ce début d’année 2023 notre quartier a été le théâtre d’une campagne d’élagage de
nos pins d’alignement, campagne entreprise par la société Bas-Rhône Languedoc–Espaces
naturels. Rappelons qu’il s’agit de pins parasols dénommés aussi pins pignons car ils donnent
des graines comestibles. Dans son projet d’urbanisme, Jean Balladur avait décidé de faire une
large place aux plantes de haute tige, pour faire en sorte que les déplacements donnent
l’impression de circuler dans un parc ombragé.
L’équipe du chantier d’élagage
L’équipe de La Grande Motte qui est intervenue, comportait deux élagueurs et une
femme élagueuse. En appui au sol, deux assistants dégageaient les branches et assuraient la
sécurité des agents évoluant dans la couronne des arbres, à savoir : déplacements de la grande
échelle, allers et retours de cordes avec le sol pour diriger la chute des branches à l’écart des
lampadaires et des clôtures, régulation des passages des piétions cyclistes et voitures, enfin
réapprovisionnement en carburant des tronçonneuses. Par ailleurs un conducteur de tractopelle,
gerbait les tas de branchages pour les charger dans une benne de 15m3. Enfin un chauffeur
assurait l’évacuation des tailles vers la plateforme municipale de broyage pour la transformation
en compost.
Observations de l’ARP
Notre association s’est présentée au chef de chantier pour lui demander l’autorisation
de photographier et filmer son équipe en vue d’un court reportage. Ce qui nous fut accordé sous
réserve de ne pas cadrer les visages. Comme on peut s’en douter, il s’agissait d’entrer en contact
avec une équipe très spécialisée, soumise à une interdépendance étroite dans une série de gestes
techniques exécutés en une sorte de ballet de précision parfaitement réglé.
Le travail de taille
Commencé en janvier dans l’Allée des Goélands qui héberge quelques 90 pins, le
chantier a progressé en février autour de l’avenue allant du Golf Hotel au Novotel du Golf
avec 36 pins, puis vers l’Allée de la Camargue jusqu’aux Maisons du Golf avec 45 pins, avant
de se terminer par les sujets de l’allée de Port Ponant avec 25 pins. Soit un total de près de 200
pins dont l’âge moyen approche les 40 ans. C’est l’âge où le pîn pignon perd sa forme ronde
pour s’étaler en forme de parasol.
Nous avons constaté, chronomètre en main, que la taille d’un pin nécessitait une heure
d’intervention. La première tâche consiste à « nettoyer » le houpier, c’est à dire couper à la
tronçonneuse environ la moitié des petites branches touffues de la partie la plus haute de l’arbre (à environ 25m). Ensuite toujours à la tronçonneuse, il faut élaguer une trentaine de grosses branches portées par le tronc principal , lui-même parfois divisé en deux à sa base. Le résultat de l’opération est un parasol ouvert, filtrant légèrement la lumière et qui a été débarrassé d’environ une tonne à une tonne et demie de branchages. Soit un total de l’ordre de 120 tonnes de déchets verts pour l’ensemble de l’opération.
Pourquoi et comment des pins parasols d’alignement
Conifère originaire de Toscane, le pin parasol a été disséminé sur le pourtour méditerranéen dès l’époque romaine. Il est parfaitement au climat des régions littorales, contrairement au micoucoulier, autre espèce méditerranéenne d’alignement urbain, mais qui préfère les conditions de l’arrière-pays.
Dans les cordons dunaires sableux de la Camargue gardoise comme ceux du Boucanet par exemple, le pin pignon développe un puissant système racinaire, et étale sa couronne avec majesté comme le montrent quelques sujets témoins établis il y a plus d’un siècle. Dont au moins trois sujets plus que centenaires encore en vie et qu’avait soigneusement conservés l’équipe de Pierre Pillet, le paysagiste de Jean Balladur.
Concernant les alignements de notre quartier, établis dans les années 1970, ils avaient été plantés à l’origine en les espaçant de 10 mètres. A leur adolescence, trente ans plus tard, ils présentaient de volumineuses couronnes en forme arrondie qui se touchaient. Cela occasionnait d’importantes chutes d’aiguilles et de branches. Ils devenaient dangereux et la décision fut alors prise d’en abattre un sur deux pour les espacer à chaque 20 mètres.
Aujourd’hui ils venaient d’entrer dans leur phase adulte et commençaient de nouveau à se toucher. L’intervention de la campagne d’élagage a eu pour rôle de restreindre leur couronne pour diminuer le volume d’exposition aérienne aux intempéries, ce qui va ralentir leur vigueur racinaire et donc leur nuisance de surfaçage au sol. Ils seront moins sujets aux chutes lors des tempêtes, plus économes en eau, donc plus résistants à la sécheresse et aux remontées estivales de sel. Enfin ils vont prendre une véritable allure de majestueux parasols ouverts et atteindront une hauteur de 35 – 40 mètres vers 2035. Il conviendra d’ici là de subvenir à l’installation de jeunes pins en intercalaire, qui prendront la relève des anciens. Ceci comme dans une exploitation forestière.